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Les clubs privés : dans la cour des grands

La compagnie de chemin de fer Québec-Lac Saint-Jean a mis la table à l’établissement de clubs de chasse et pêche sélects en Haute-Mauricie, acquérant notamment le lac des Grandes-Iles, un territoire exclusif devenu aujourd’hui le Lac-Édouard. Dès 1886, la gare y accueille de riches sportifs américains attirés par l’abondance de truites mouchetées pesant jusqu’à 10 livres.

Photo en sépia, présentant des personnes sur le balcon du club privé Laurentide House.  Les femmes et les enfants étant assis et les hommes sont debout avec leur canne à moucher.  Tous sont très bien vêtus.

Clients sur le perron au Laurentide House, vers 1887-1890

 

Rapidement, les clubs privés comme le Laurentide House, le Paradise Fin and Feather Club devenu le Lake Edward Fish and Game Club, se dotent de chalets équipés de génératrices, glacières, bateaux à moteur et meubles de luxe. De 1915 à 1945, les guides autochtones sont très recherchés pour s’assurer des meilleurs spots de pêche.

Photo en noir et blanc d'une grande demeure cossue située sur le bord d'une rivière.  Une plus petite maison à sa droite est dissimulée derrière de grandes épinettes.

Club House du Triton Fish and Game Club, vers 1893

 

Annie Tremblay, copropriétaire de la Seigneurie du Triton (sous-titrage disponible en FR et EN). Regarder la vidéo avec la transcription (FR)

Au fond des bois, les mondanités se poursuivent. Au thé de 16 h, la dame du lac, madame Hoffman, reçoit les familles Kruger, Stern, Rockfeller et Ziegfeld. Il faut voir leurs résidences estivales. Dans le village Ziegfeld, propriété du producteur de cinéma muet, cinq chalets avec électricité logent valets, cuisiniers, massothérapeute, infirmière et médecin personnel. Dans le chalet particulier de madame Ziegfeld (l’actrice Billie Burke), les draps de satin sont lavés et repassés chaque jour pendant que monsieur Ziegfeld s’amuse à capturer des ouaouarons dont les cuisses délecteront les invités au diner. Du côté des Heppenheimer, dès 1920, on se promène au village dans une voiture Ford venue par train des États-Unis.

Photo noir et blanc, d'un groupe de pêcheurs assis devant le club privé du lac Wayagamak, en arrière d'eux plusieurs poissons sont en brochés sur une perche de bois.

St-Maurice Fish and Game Club du Wayagamac, vers 1910

 

Puis les temps changent. Dans les années 60, les gouvernements émettent des baux de location pour mieux contrôler le territoire et sauvegarder les espèces. Dès 1977, avec la disparition des droits exclusifs, les clubs privés font place aux zecs (zones d’exploitation contrôlées) et aux pourvoiries. Le territoire en compte aujourd’hui de splendides dont la Seigneurie du Triton, véritable institution depuis 1893. Entre les murs, on peut encore sentir la présence de Churchill, Roosevelt et Truman qui y séjournèrent au siècle dernier.