De nombreux Canadiens sont incapables de quantifier leur longue carrière. Gérard Côté, marathonien, sait compter ses kilomètres. En effet, il en a parcouru plus de 100 000 en participant à 264 courses, dont 75 marathons.

Né dans une famille de onze enfants à Saint-Hyacinthe, au Québec, Côté a commencé sa carrière comme boxeur. Cependant, alors qu’il faisait de l’exercice pour améliorer la force de ses jambes, sa passion pour le travail sur route l’a amené à abandonner ses ambitions de boxeur. Il se tourne alors vers la course de fond. Ses petites jambes gracieuses l’ont propulsé vers une renommée internationale, c’était donc une décision judicieuse.

En 1940, il remporte le premier de ses quatre marathons de Boston. Côté, qui aime les énormes steaks et les gros cigares, s’entraîne et participe aux compétitions sans l’aide d’une équipe de professeurs ou d’entraîneurs. Il s’est présenté cette année-là avec seulement dix-sept dollars dans son portefeuille et personne d’autre que son père comme sponsor, ne comptant que sur sa propre expertise et son intuition. C’est pourquoi il a pu gagner la course de fond la plus célèbre du monde plus rapidement que n’importe quel autre humain.

Gerard-Cote

Il a remporté trois autres victoires en 1942, 1943 et 1948. Côté a remporté trois titres de marathon de la US Amateur Athletic Union et trois marathons de Yonkers sur la route de ses 112 victoires en carrière, de ses 56 secondes étonnantes et de ses 26 légendaires troisièmes places. Lors de sa victoire à Yonkers en 1940, Côté a démontré qu’il était un gentleman au-delà d’une merveille athlétique : il courait sans effort et menait le peloton, facilement à portée du temps record. Une jeune femme dans une voiture l’encourage à continuer et à battre le record alors qu’il atteint les portes de la piste de course et le dernier tour. Il s’agissait de Pat Dengis, le précédent triple champion et actuel détenteur du record du monde. M. Dengis est décédé tragiquement dans un accident de voiture l’année suivante. Mme Dengis, elle-même une athlète remarquable, a encouragé Côté à battre le record de son mari. Côté, quant à lui, ralentit.

Il gagne la course, mais en l’honneur de sa grande adversaire, il refuse de battre le record. Aux Jeux olympiques de 1948 à Londres, il termine tristement à la 17e place à cause d’une crampe au mollet. Mais à propos de cette défaite, il a fait remarquer un jour, lors d’un banquet organisé en son honneur, dans un style caractéristique, philosophique et charmant : « Nous devons combiner le triomphe avec la défaite. Il n’est pas bénéfique de manger une salade composée uniquement d’un ingrédient, comme la laitue. La victoire est toujours un succès. Pour en avoir la saveur, il faut la mélanger avec la défaite. » Côté a réalisé un record du monde de huit miles en raquettes en 1958, deux ans après s’être retiré de la course à pied de compétition.